vendredi 7 juillet 2017

POURQUOI LE RETOUR À LA SEMAINE DES 4 JOURS ÉTAIT-IL NÉCESSAIRE ?

Le 28 juin 2017 est publié au Journal Officiel un décret permettant « au directeur académique des services de l'éducation nationale, sur proposition conjointe d'une commune ou d'un établissement public de coopération intercommunale et d'un ou plusieurs conseils d'école, d'autoriser des adaptations à l'organisation de la semaine scolaire ayant pour effet de répartir les heures d'enseignement hebdomadaires sur huit demi-journées réparties sur quatre jours. »


Ce décret autorise donc la mairie à revenir sur la réforme des rythmes scolaires, mise en place à Luzarches, il y a maintenant 3 ans. 
Cette réforme avait ajouté une demi journée de classe supplémentaire le mercredi matin, pour compenser trois heures d'activités périscolaires réparties dans la semaine. 

Revenir à la semaine des 4 jours était une demande récurrente de nombreux parents, représentés à Luzarches par l’association de parents d’élèves Perle. 
Du côté des enseignants, leur syndicat avait fait savoir au Maire, leur souhait de revenir à la semaine des 4 jours, dès la rentrée de septembre 2017.

Il est bien sûr dommage que la Mairie n'ait pas envisagé cette possibilité, dès le mois de mai, puisque début mai, le nouveau gouvernement avait fait savoir qu’un décret allait être publié dans ce sens. Cela aurait permis d'éviter une décision de dernière minute, source de problèmes organisationnels pour les parents.

Toutefois je peux comprendre les difficultés pour la Mairie d’engager une telle démarche sans avoir la certitude qu’un décret sera effectivement publié. Bien que tardive, la décision du Maire de revenir à la semaine des 4 jours dès la rentrée 2017 est une sage décision.

Voici en détail les quatre raisons principales pour lesquelles j’ai soutenu cette décision.


1°) LES ENFANTS SONT FATIGUÉS :


De nombreux parents luzarchois ont constaté une plus grande fatigue de leurs enfants depuis l’ajout du mercredi matin.
Les luzarchois ne sont pas les seuls à avoir fait cette constatation, il suffit de parcourir le rapport de l’Inspection Générale de l’Education Nationale, daté de juin 2015.


Dans la rubrique « points de vigilance », l’IGEN rapporte que « de très nombreux enseignants et directeurs indiquent une fatigue accrue des élèves, en particulier en fin de semaine – le phénomène commencerait à se faire sentir le jeudi alors qu’avant c’était le fait du vendredi seulement – et surtout en fin de période. (Certains enseignants parlent du « jeudi noir » pour indiquer que les enfants sont particulièrement fatigués ce jour-là.)   »



Le rapport du Comité National de suivi des rythmes scolaires, de novembre  2015 fait le même bilan.
On peut y  lire qu’enseignants comme parents constatent que les enfants sont plus fatigués qu’avant.
« Un point a été fait par les parents élus sur le vécu des enfants depuis la rentrée scolaire. Il y a consensus pour dire que les enfants sont fatigués. »
«  Cycle 1 : Les enseignants disent que le mercredi est un temps d’apprentissage intéressant et que c’est un gain appréciable. Par contre, ils constatent plus de fatigue sur les jeudis et vendredi matins. Ils voient des enfants plus fatigués, avec certains même qui s’endorment (…)
Cycle 2 : Même constat que pour les enseignants de cycle 1 (…)
Cycle 3 : Les enseignants apprécient la journée plus courte. Ils disent que la dernière demi-heure est difficile. Le vendredi est difficile pour les apprentissages notamment l’après-midi. »


2°) LA RÉFORME N'ÉTAIT PAS ADAPTÉ AUX MATERNELLES :


Les plus petits ont besoin d’un rythme régulier, qu’ils n’ont pas retrouvés avec la semaine des 4 jours et demi : lundi et vendredi, ils avaient classe jusqu’à 15h, mardi et jeudi jusqu’à 16h20 et mercredi jusqu’à 11h20. Il n’y a donc pas deux journées d’affilées identiques, ils peuvent rapidement se sentir perdus.





Les petits ont non seulement besoin de régularité dans le temps, mais ils en ont besoin aussi dans les personnes. Avec l’ajout des Nouvelles Activités Périscolaires (NAP) il y avait trop d’intervenants différents.

 





3°) LA RÉFORME NE PRÉVOYAIT AUCUN RENFORCEMENT DES SAVOIRS FONDAMENTAUX EN ÉLÉMENTAIRE :


Il est certain que les NAP proposées à Luzarches étaient d’un bon niveau (ce n’était pas le cas dans toutes les communes), mais à l’heure où, d’après l’enquête PISA, nos écoliers brillent de moins en moins, l’école doit se concentrer sur l’acquisition des fondamentaux : lire, écrire, compter.



Avec la semaine de 4 jours et demi, les enfants passent plus de temps à l’école sans gagner une seule heure de cours, et pourtant un certain nombre d’élèves a absolument besoin d’approfondir les bases, notamment en français et en mathématiques.




4°) LA SEMAINE DES 4 JOURS ET DEMI COÛTE TRÈS CHER :


L’étude sur la réforme des rythmes scolaires, de l'Association des Maires de France (AMF), confirme « les charges importantes que représente la réforme des rythmes scolaires en matière de dépenses supplémentaires de fonctionnement et son impact financier significatif pour les communes et les intercommunalités, dans un contexte de baisse continue des dotations de l’État. En effet, en cohérence avec les enquêtes antérieures, le coût annuel brut moyen par enfant inscrit aux nouvelles activités périscolaires (dites NAP) est estimé à 231 euros pour les communes et à 243 euros pour les intercommunalités. »

Pour l'ensemble du territoire, l'AMF évalue les dépenses engagées par les communes et leurs groupements pour la semaine des 4 jours et demi, à plus d’1 milliard d’euros par an.

À Luzarches, une fois déduit les subventions de l’état, c'est une facture estimée par l'adjoint aux finances, à 85 000 euros par an.

CONCLUSION :


Les élèves sont plus fatigués sans la journée de pause du mercredi, donc moins disponibles pour l’apprentissage des fondamentaux. Le périscolaire intéressant, a grignoté sur le scolaire indispensable.
En maternelle le manque de régularité complique la vie des tout-petits.
S’ajoute à cette réforme qui n’a pas fait ses preuves, un coût très important pour les collectivités locales et pour l’état.
Ce sont les raisons pour lesquelles, je suis très heureux de ce retour à la semaine de 4 jours pour les petits luzarchois.


Pascal VERRY